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Le réveil de la grande dame Man Jacques

Le 26 mars 1950, le réveil de cette amarreuse de la cours Bébian fut brutal …

Ki moun ki la ? Ka zòt vlé ? DST-Maison_1

Peut-être que c’était lui, oui le gros colosse en métal « byildozè » c’est comme cela qu’on le surnommait dans toutes les cours et les ruelles de Pointe-à-Pitre. Aurait-il prit sa vie ? Serait-elle morte de vieillesse et de solitude ? A-t-elle été victime d’un accident ? Où peut-être était-ce l’acte d’une personne malveillante.

 

 

Ce qui s’est réellement passé : Il y avait bien ces deux grandes cases de familles bourgeoises qui disent avoir tout vu et entendu ce fameux soir. Séparées simplement par une petite cour, ces trois commères prenaient le temps de parler, rigoler, mais leur passe-temps favori était de critiquer les voisines d’en face.  En effet, la concurrence entre elles faisait rage. Qui parmi toutes ces cases étaient la plus belle ? Laquelle d’entres elles attireraient le regard des aristocrates ? Qui se verraient peut-être sur la couverture d’un livre historique ou d’une carte postale ? Alors Fanfreluches, dentelles, couleurs, balcons, apparats étaient examinés, critiqués sous tous les angles. Cela pouvait durer toute la journée et le soir venu elles continuaient à se moquer des voisines les plus mal loties à qui il manquait parfois planches ou tôles en disant « Ou vwè Man Yèyètte i té ni on twou an rob-ay »; « Man Ko pa menm sav marré tèt-ay ! » Krakrakra….

 

Il y avait entre toutes ces cases une volonté d’être la plus belle, la mieux décorée et cela était possible grâce à une seule chose : leurs noms. Il y avait, dans cette marque d’identité reconnue, le poids d’une famille d’enseignants,  de commerçants ou d’étrangers venus investir en Guadeloupe, terre de richesses. Chaque case était le reflet de son propriétaire. Leurs noms étaient l’essence même de leurs histoires. Il suffisait simplement d’entendre le nom de ces grandes Dames de bois pour savoir comment elles étaient traitées. A cette époque, le moindre petit détail faisait la différence. Pour l’œil profane cela pouvait passer inaperçu, mais lorsqu’un architecte de renommée parcourait les rues de Pointe-à-Pitre, il savait reconnaître les plus belles.

 

"Man Sapot" était belle grande et coquette, elle savait porter sa robe « GAULE » avec la même élégance que les cuisinières qui défilaient le samedi dans les rues de Pointe-à-Pitre. Cette robe était un bois de mahogany vernis, qui brillait lorsque le soleil s’invitait au spectacle et lui donnait cette petite couleur sapotille d’où son petit nom. Elle datait du 18ème siècle. Son propriétaire, un riche commerçant de l’hexagone qui faisait dans le commerce d’épices, n’était pas souvent dans sa riche demeure car il sillonnait les îles des caraïbes toujours à la recherche de nouvelles épices. Man Sapot était donc habitée 9 mois sur 12 par la femme du riche propriétaire, ses 3 enfants ainsi que la domestique bien sûr. C’est d’ailleurs grâce à ses mains délicates aussi efficaces en cuisine pour élaborer des plats pour « Madame »  et ses marmots, que pour récurer la case du sol au plafond, que Man Sapot resplendissait parmi toutes les autres cases de la rue. Il ne passait pas un jour sans que celle-ci soit époussetée, dépoussiérée, fenêtre et portes battantes grandes ouvertes afin de laisser passer toute la lumière du soleil ce qui permettait à la bourgeoisies de l’admirer pas seulement de l’extérieur mais aussi de l’intérieur sans même y avoir pénétrer. Oui, "Man Sapot" était dans toutes les bouches de toutes les rues avoisinantes et elle rendait les autres cases folles de jalousie. Il paraît qu’elle avait tout pour plaire et les commérages allaient bon train.

 

« Mè ka i komprann tala paskè  yo ka verni rob-ay tou lè jou i ka fè Matadò-ay » « Mwen an paka menm gadé-y sa ké bay grad » « I ké vwè sa ki ké rivé-y on jou manmzelle la sa ».

 

Cela amusait grandement Man sapot de savoir que les autres aux alentours n’arrêtaient pas de la fustiger verbalement. Et elle ne ratait pas une occasion de prouver aux autres prétendantes que c’est elle qui détenait le titre de plus belle case des faubourgs de Pointe-à-Pitre.

 

Bien souvent, la riche propriétaire organisait des petites réjouissances avec ses amies afin de déguster les mets ramenés des expéditions de son mari. Il en va sans dire que le rhum était la boisson principale de ces festivités qui réunissaient toutes les riches familles de commerçants. Encore une fois, les compliments sur cette case n’épargnait aucune bouche comme si Man Sapot hypnotisait juste par sa beauté comme le tableau d’un peintre.

 

Ses meubles, sa couleur, son odeur tous les sens des convives étaient en effervescence, désinhibés en grande partie par la consommation excessive d’alcool.

 

Cependant, il y avait dans l’assistance une femme installée en Guadeloupe depuis 2 ans maintenant, Madame De Petdefoin - femme du chef de la police propriétaire elle aussi d’une case qui ne ressemblait sur aucun point à celle-ci. Madame de Petdefoin n’aimait pas du tout  ce genre d’ambiance un peu trop bourgeoise à son goût.

 

Sa demeure était très simple trop simple et son envie était plus qu’évident  lorsque qu’elle regardait les yeux brillants de jalousie et de colère tous ces beaux meubles et tableaux qui l’entouraient, toutes ces marches vernies et ces ustensiles de cuisine qui, posés à certains endroits de la maison, lui donnait un air de musée. Mais l’envie de Madame de Petdefoin se transformait en rage lorsque, arrivée chez elle c’était comme si elle en voulait à sa propre maison. Enfin, c’est ce que les autres cases voisines disaient, peut être était-ce juste des commérages une fois de plus afin de mettre Man Jacques dans l’embarras.  C’est comme cela que les autres cases la surnommait « Man Jacques ». Elle était l’une des plus simples de cette rue et selon les dires de sa propriétaire la plus laide de toutes.  Pourtant, Man jacques ne se sentait pas si laide Il est vrai que si l’on doit parler de fanfreluches, dentelles et toutes ces décorations qui faisaient d’une case créole, une demeure reconnaissable parmi tant d’autre? Man jacques passait complètement inaperçue. Man Jacques était plutôt défraîchie, ridée par le temps. Sa robe de bois par endroit était rongée par les « pouls bois » le vermoulu, sa couleur était fade parce-que sa robe n’était même pas vernis; quant à sa coiffe elle était rouillée, je crois même qu’il y avait des trous sur certaines tôles et pourtant elle n’était pas si veille cette pauvre Man jacques.

 

Ces commères ne manquaient pas une occasion de la rabaisser en veillant de bien mettre l’accent sur ses défauts, qui à leurs yeux, laissaient vraiment à désirer.

 

Elles la questionnait souvent afin d’éveiller chez elle une réaction.
« Mè Man Jacques, ki tan yo ké woupwan rob-aw paskè ni on pakèt vè ka mangé-y ou paka senti yo ? »
« Oh oh mè gadé chapo-aw ti bwen woy, yo té ké di i ja vwè bon misè mem ! »
« Epi fo ou ké sonjé rangé balkoné-aw paskè tout tété-aw ka pan !!! »
« Ou konpwan ou an tan soren.»
Man Jacques ne se laissait pas faire.
« Atan ka zot ka di la, zot pa two malpalan, sa pa si lèd ki sa, é dayè pou yònn sa paka gadé zot sacré ti makrèl ki zot yé !!! »

 

Après leur avoir répondu "chou pou chou", pendant un bon quart d’heure, Man Jacques les toisa en refermant sur elles ses grosses portes battantes, et retournait à ses petites occupations tout en se faisant à elle-même les compliments que personne ne lui faisait plus.  

 

Madame de Petdefoin se présentait toujours sous un aspect très rigide et froid, pas un sourire, la tête toujours surplombée d’une coiffe qui laissait deviner une perruque grisonnante et ses tailleurs d’un sombre que même les guimbos auraient peur de s’y réfugier. Elle parlait très peu avec les autres voisines du quartier même ses salutations étaient des hochement de tête, pas un mot ne sortait de sa bouche en cul de poule. Certaines de ses voisines n’hésitaient pas à passer des heures à parler d‘elle à l’angle de la rue en disant que c’est bien dommage que son mari lui ait laissé ce bien. Peut-être que la mort de son mari dans d’affreuses circonstances l’aurait meurtrie jusqu'à son âme ? Elle vivait seule maintenant même ses enfants l’avaient laissé à sa pauvre existence. Ce qui était plus que visible c’était que cette belle case ne cessait de dépérir depuis qu’elle y habitait seule. Il en va sans dire que son défunt mari lui avait laissé un héritage qui ne faisait envie à personne c’était ce côté rigide du militaire et venant se rajouter à cela une violence que nul ne pouvait expliquer.

 

Cependant, il y avait quelque chose de sûr. Madame De Petdefoin avait certaine pratique douteuse.

 

Cela arrivait toujours à la même heure. A 18h00 lorsque les rues commençaient à se vider des riverains, enfants et autres commerçants qui déambulaient dans les rues. Madame De Petdefoin était réglée comme la grosse cloche de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Au dernier son de cloche commençait un rituel vraiment étrange mais surtout d’une violence inouïe venant pour une femme de cet âge. C’est comme si elle n’était pas seule dans la maison.

 

Les autres propriétaires apeurés par ce spectacle s’empressaient de fermer à toute vitesse portes battantes, jalousies, toutes ouvertures de leurs demeures qui pourraient laisser passer un son. Mais cela ne suffisait pas. Certaines fois, ils avaient l’impression d’être à l’intérieur de la pauvre case en compagnie de Madame De Petdefoin. C’était un cauchemar funeste rien que de l’imaginer. Les autres cases étaient bien tristes de voir et d’entendre ce spectacle car au fond elles aimaient bien Man jacques même si parfois elles la critiquait, mais elle était quand même l’une des leurs, une case créole.

 

Madame De Petdefoin commençait toujours par jeter un seau d’alcali avec des feuilles, ce qui dégageait une odeur immonde. Tout animal faisant l’erreur de s’aventurer un peu trop près de la maison était retrouver mort quelques mètres plus loin, complètement desséché. Une vraie barrière contre les nuisibles à quatre pattes mais peut-être bien aussi à deux pattes. Car paraît-il, la propriétaire était une «gadèt zafè», aussi étonnant que cela puisse paraître pour une blanche bourgeoise. Peut-être que cela était dû aux quelques années passées sur les terres d’Haïti avec son défunt mari, une terre que l’on sait, reconnue pour la pratique du vaudou.  Puis, pour rester fidèle à son rituel, elle se rendait au premier étage de sa demeure, fermait les grosses portes du balcon, passait la tête afin de regarder qu’il n’y avait personne dans les parages, puis d’un mouvement d’une extrême violence  elle faisait claquer les lourdes portes d’une seule main. Ce bruit était si fort que l’on pourrait croire qu’une grosse bourrasque était à l’origine de ce fracas.

 

Là, commençait l’hymne à la mort, plus de lumière naturelle dans la case il n’y avait que les bougies allumées ici et la que l’on pouvait apercevoir a travers les persiennes. Il y régnait une atmosphère de plus en plus lugubre, la pénombre envahissait la pièce principale ou était entreposés sur une table bible, crucifix, feuillages divers, petites poupées de sacrifice, et sans oublier la bouteille de rhum, enfin toutes ces choses nécessaire pour un bon rituel. Le plus effrayant dans toute cette scène, c’était sans hésiter les cris qui ne semblaient pas humain et cette langue incompréhensible que Madame Depetdefoin  utilisait pour exprimer je ne sais quoi. Mais cela était vraiment étrange parce-que tout le monde savait qu’elle vivait seule dans sa maison, alors si ce n’est pas avec quelqu’un qu’elle se disputait, avec qui donc pouvait-elle bien se disputer ?
Un souckougnan ? Un revenant ?   

 

De plus, elle parlait très vite et très fort par moment, puis cela s’arrêtait et d’un seul coup. Le silence laissait place à un vacarme invraisemblable, comme si deux personnes se retrouvant dans une boîte trop petite pour elles se voyaient dans l’obligation de se battre pour pouvoir en sortir avec pertes et fracas. La pauvre case était en première ligne de ces assauts répétés et en tremblait du sol au plafond. Ses petites planches déjà fragilisées se brisaient sous les coups. Elle suffoquait tant l’odeur de l’alcali était forte. Les bougies souvent lui brûlaient la peau et lui laissaient des stigmates qu’aucune case ne pouvait connaître. Et dire que c’était sa propre maîtresse qui lui infligeait ces horribles souffrances mystiques.

 

La seule personne qui savait exactement ce qui ce passait là-dedans c’était Man Jacques elle-même. Oui cette case qui entre souffrance et tristesse ne pouvait s’exprimer que par des craquements de bois, d’abandon de certaines parties de son ossature ou de sa coiffe. Elle subissait tous les jours des attaques de front. Sa douleur était maintenant visible aux yeux de tous. Sa propriétaire ne la respectait plus, elle était marquée physiquement par les conséquences de ces pratiques occultes. Mais comment pouvait-elle s’exprimer ? cela devenait de plus en plus dur pour elle.  Man jacques n’en pouvait plus.

 

Après toutes ces nuits de violence, d’insomnie, tous ces spectres qui se dissimulaient dans son intimité, cela ne pouvait être le fruit de son imagination. C’était bien réel, parfois elle se demandait si elle ne devenait pas folle comme sa maîtresse. La réalité était dure à accepter mais continuait à la pourchasser, plus d’amies avec qui parler, que des critiques incessantes des passants qui ne lui jetait pas même un regard. Ah oui ! il y avait bien des toisements fugaces dont elle aurait pu s’en contenter, mais cela ne suffisait pas à lui redonner la joie de vivre d’antan car de nombreuses années étaient passées depuis. Ca faisait maintenant trop longtemps que cela durait il etait temps d’en finir, plus de sorcellerie, plus de revenants, plus de scène tragique et surtout plus de souffrance physique subie impunément.  Elle désirait profondément une seule chose, fermer les yeux sur cette réalité, partir en beauté en grande Dame afin que tout le monde parle d’elle en bien ou en mal cela lui était égal, elle savait que les hommes pouvaient être très surprenants tant par leurs actes que par leurs paroles et puis quand on sait que l’organe le plus musclé chez l’homme est sa langue alors ont comprend bien qu’il y aura des choses à dire sur cette pauvre Man Jacques.

 

Cette fois-ci, elle s’était décidée, elle partirait ce soir, à l’heure de l’hymne à la mort avec ses complices toujours entreposés au même endroit sur la table. Il était certain qu’elle lui portera le coup de grâce à cette chère Madame De Petdefoin. Le monde des morts de l’obscurité et de l’irréel sera bien réel. Cette nuit serait la sienne et il n’y aurait personne pour l’en empêcher, son plan d’attaque pour un départ spectaculaire était très clair dans sa tête.  Sa maîtresse ne le savait peut-être pas, mais elle aussi sera d’une grande aide pour cette tragédie finale.  

 

Portes battantes fermées et bougies allumées Madame De Petdefoin était en pleine cérémonie sacrificielle. La tête attachée d’un tissu de couleur rouge, elle avait dans sa main gauche une tête de poule coupée avec un grand couteau dont elle versait le sang sur une bible ouverte, et dans sa main droite elle tenait un petit verre qui contenait surement du rhum. Elle prit une lampe, du liquide, puis comme les cracheurs de feu elle aspergeait d’un mouvement exagéré la bible qui de façon très surprenante n’était jamais mouillée. Madame De Petdefoin tremblait de tout son corps, ses mouvements étaient de plus en plus violents mais elle tenait toujours d’une main ferme ses deux objets. Au moment même où Madame De Petdefoin se jeta sur le sol gorgé de rhum, de sang et d’alcali l’une des grosses portes battantes s’ouvrit brusquement et laissa un vent glacé pénétrer dans la case comme un grand tourbillon; ce qui fit tomber les bougies. Le feu prit en une fraction de seconde, les flammes couraient le long des planches de bois et à mesure que le feu la pénétrait de toute part, sa peau brûlait également et son ossature de bois se transformait en charbon. Elle souffrait vraiment mais c’était le prix à payer pour se libérer.

 

Une amère déception mélangée à de la satisfaction envahissait son ossature de bois et au fond d’elle le mot libération résonnait comme une conque à lambi d’esclave parée pour la révolte et cela lui donnait la force d’endurer cette ultime épreuve qu’elle s’était elle-même infligée. Les flammes étaient maintenant arrivées au dernier étage de la case c’est -à-dire que même sa coiffe dont elle était si fière n’allait être épargnée. La fumée épaisse qui régnait dans son estomac commençait à l’étouffer et essayait déjà de trouver des fissures pour sortir. Une vraie fournaise là-dedans. Elle savait qu’il n’y avait aucun moyen de revenir en arrière, si seulement sa maîtresse était une autre personne sa fin n’aurait pas été si tragique.

 

Elle voulait vraiment que ça se termine pas parce-qu’elle n’étaitpas fière de ce qu’elle était, mais c’était surtout par rapport à ce qu’elle avait subit de la part de sa maîtresse. Cependant, elle n’allait pas s’effondrer ça c’est sûr elle restera quoi qu’il arrive toujours une femme forte debout même dans l’adversité.

 

Les derniers mots qu’elle pu entendre de sa maîtresse avant la fin furent comme un pieu planté en plein cœur, le coup de grâce, plus dur encore que tous les coups qu’elle avait reçu d’elle durant toutes ces années, plus douloureux que ces flammes qui la consumaient. Madame De Petdefoin avant de partir de la case courant et hurlant des insanités, sa bouteille de rhum à la main qu’elle fracassa au pied de la case, expectora quelque chose de bien épais qu’elle lança sur la maison en disant en vosiférant « sacré vyé kaz a malédisyon ou pé mo !!! ». C’était ce qu’on appelait communément l’ironie du sort.

Elles disent avoir entendu Man Jacques tousser et secouer sa jupe de bois vernis, et qu’une épaisse fumée noire sortait de son chapeau pointu, on entendait des gens dire : « woy mi Man Jacques ka touffé bay dlo !!! », et les flammes aussi grande que celles du 18 juillet 71, brulaient "son fouk" et faisaient ses os craquer.

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Cette belle Dame qui à une époque faisait le bonheur des passants tant elle était resplendissante,  faisait la Une des journaux et on pouvait entendre ce crieur héler « mi foto-ay ».

Son histoire maintenant faisait le tour de la ville.

 

Après avoir eu une vie prospère dans les rues commerçantes de Pointe-à-Pitre, elle vivait seule à présent, et ses deux compagnons de route se prénommaient, Parkinson et Alzheimer. Sa maîtresse, ainsi que tous ses proches ingrats comme elle aimait à les surnommés l’avaient  abandonné. Quand au Maire lui, se préoccupait d’elle seulement lors des élections.

Une fois celles-ci passées, elle retournait aux oubliettes. Plus question de rénovation. Fini les beaux discours sur l’importance de préserver le patrimoine.

 

Chercher des excuses, se décharger de toutes responsabilités était maintenant sa nouvelle ligne de conduite… jusqu’au prochaines élections une belle marque d’hypocrisie et d’ingratitude.

 

Seul un sursaut de ses proches, après maintes et maintes conflits familiaux, sauve parfois toutes ces Grandes Dames, qui voudraient juste éviter « Solitude et Mort » ses deux autres compagnons.  

 

Sinistre spectacle qui laisse derrière lui des victimes. Essayons de penser à ces petites ou grandes cases, qui vêtues de leurs précieux tissus et apparats, portant sur leurs épaules l’histoire d’une famille, d’une époque, d’une histoire, d’un peuple, demandent notre respect à nous être humain qu’elles ont si longtemps abrités.   

 

Derrière toutes ces destructions de tôles, charpentes, et fers forgés, nous nous dirigeons inévitablement vers un abandon de notre identité créole.

 

Nous avons déjà perdu de vrai valeur et un temps fou à cause de réactions trop discrètes.

 

Auteur : Olivier GRIPACUS

 

Commentaires   

 
# Mamour 26-11-2013 18:53
Alors la … :o chapeau bas à toi mon très cher Auteur ! :lol: Ces quelques lignes sont complètement émouvantes et la raison finale reste la meilleure de l'histoire ;-)
Très bonne continuation
"KissCool" !
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# mary 28-04-2013 09:47
Très agréable à lire ! imagination et originalité sont au rendez-vous...C ela ne s'appellerait-i l pas le "talent"? :roll: :roll:
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# Clarisse 07-01-2013 22:03
C'est toujours un plaisir de te lire! En humanisant ces case tu nous permets d'être bien plus sensible à leur problématique, un écrit à la fois amusant, touchant mais surtout dénonciateur qui devrait amener bon nombre de réflexions sur l'importance de ce patrimoine.
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# karina 14-12-2012 15:34
Super!!! l'inspiration étai présente , je me suis vue dans un coin de cette rue et j ai tout vue !!! c est génial! j attends la suite mon ami!!!
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# Maïly 08-12-2012 16:29
Style d'écriture très original...cett e nouvelle fût un régale !!!! Bonne continuation à l'écrivain!
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# Yanou 07-12-2012 16:44
Je ne sais pas ce qui t'a inspiré pour écrire tt cela mais c'est très bien écrit et c'est jolie ;-) . Je te félicite pr ce travail!
Biiiiisouuus. Ta couz'
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# yayou 06-12-2012 21:39
Waye super j'étais vraiment dedans jusqu'a la fin et je revois les images de toutes ces cases créoles à l'abandon une belle prise de conscience continue le talent est la
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# Azredroberts 06-12-2012 21:22
Bonne idée. Personne ne s'occupe de ses Kaz à pointe-à-pitre ou dans d'autres communes de la Guadeloupe. On les laisse a l'abandon. heureusement, certaines personnes comme toi nous font prendre conscience de l'importance de notre patrimoine. Respect a l'auteur!
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# Gladys Pigeonneau 06-12-2012 18:01
Très bel hommage à nos maisons créoles .je ne m'attendais pas à cette fin mais j'avais oublié à qui j'avais à faire. Je suis tout à fait d'accord avec toi. Il est vrai que ces maisons ont une âme et racontent notre histoire.
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